En partance à San pour la fête traditionnelle « le Sankemo », le Colonel à la retraite Youssouf Traoré est décédé ce jour suite à un accident de la circulation.
Le Colonel Youssouf Traoré (né le 02 octobre 1935 à San), ancien compagnon d’arme et de lutte du général Moussa Traoré et président du parti UFDP Sama Ton, n’est plus. Il a perdu la vie ce mardi 11 juin 2019 suite à un accident de la circulation survenu à l’entrée de la ville de Touna, à quelques 15 km de Bla. Le natif de San se rendait à sa ville natale pour participer, comme beaucoup d’autres ressortissants de cette localité, à la traditionnelle fête dénommée « Sankémon » ou la pêche collective. Cet officier de l’armée à la retraite, une des figures politiques les plus influentes à la chute du régime dictatorial du président Moussa Traoré en mars 1991, est décédé avec une autre proche (sa soeur A. Traoré dit-on). En plus des deux morts sur le champ, cet accident a fait deux autres blessés. Selon nos informations, le véhicule du colonel Youssouf Traoré aurait évité un choc avec un car de la compagnie Cherifla Transport avant de se retrouver hors de la chaussée.
Les corps des victimes auraient été envoyés à San alors que les blessés de cet accident ont été évacués par le Csref de Bla à l’hôpital régional Nianakoro Fomba de Ségou pour des soins
La fête populaire « Sankemon » qui devra s’ouvrir demain mercredi 12 juin sera probablement reportée ou annulée pour raison de deuil de celui qui aura tout donné pour son rayonnement. L’homme qui portait San sur le coeur a choisi ce jour de communion (veille de fête) pour dire adieu aux siens. C’est aussi ça le « Soldat ».
Dors en paix mon colonel !
Au nom de toute la rédaction de www.aumali.net nous souhaitons un repos éternel au soldat.
Maliki Diallo
Qui était Youssouf Traoré ?
Né le 2 octobre 1935 à San, marié et père de neuf (9) enfants, le colonel Youssouf Traoré fait partie des élèves officiers actifs, formés à l’école des officiers ressortissants des territoires d’Outre-Mer à Fréjus (France), qui ont formé l’armée malienne au départ du dernier soldat français en 1961. Ces différents officiers et sous-officiers se sont mis à la disposition de leur pays après les indépendances. Ils ont la particularité d’être de vaillants soldats. Parmi ce noyau de l’armée, certains, dont le colonel Youssouf Traoré, murirent à un moment donné l’idée d’un coup d’Etat.
Pourquoi un coup d’Etat ?
Fidèle compagnon et complice du général Moussa Traoré, aussi bien à l’école militaire qu’au Comité militaire de libération nationale (Cmln), le colonel Youssouf Traoré est l’un des instigateurs du coup d’Etat de 1968 qui a fait chuter le régime du président Modibo Keïta. Maillon très important du fonctionnement du Cmln, il a contribué à assoir le régime de Moussa Traoré en neutralisant la redoutable bande des trois, composée de Tiécoro Bagayoko, Kissima Doukara et Karim Dembélé. Malheureusement, un clash éclata entre Youssouf et son complice. Ce qui contraint le colonel Traoré à dix ans d’exil forcé. Traqué jusque dans son dernier retranchement à l’étranger, il résiste et démontre à Moussa qu’il demeure cet officier valable de l’ère coloniale. En acceptant de nous recevoir dans le cadre de la rubrique ” Que sont-ils devenus ? ” à son domicile à Djicoroni Para, à quelques mètres de celui de son ancien ami et compagnon d’arme, le Général Moussa Traoré, le colonel Youssouf Traoré nous donne l’occasion de reparler de l’histoire récente du Mali, mais aussi d’un passé émaillé par le premier coup d’Etat au Mali et qui aboutira à des dissidences entre les acteurs de ce coup de force. Comment le putsch de 1968 a-t-il été organisé ? Quelles en étaient les raisons ? Qui en étaient les instigateurs ? L’arrestation de la bande des trois était-elle consécutive à un règlement de compte ?
Source: Roger Sissoko