La fermeture de la frontière avec le Bénin pénalise aussi le Nigeria

Les pays d’Afrique de l’ouest sont toujours fortement pénalisés par la fermeture de la frontière entre le Nigeria et le Bénin. Malgré les protestations des pays voisins, le président Muhammadu Buhari n’envisage toujours pas de la rouvrir. Quelles sont les conséquences à l’intérieur du pays ?

Trois mois après avoir barricadé le flanc ouest de son pays, pour protéger la production locale de la concurrence internationale, le président Buhari estime que le résultat est globalement positif: la contrebande a baissé affirme-t-il, surtout pour le riz et l’essence, et les revenus des douanes ont augmenté. Les chiffres fournis par les douanes sont sujets à caution, la banque centrale du Nigeria, elle, ne constate toujours pas d’augmentation des recettes douanières. Et sur les marchés de Lagos, le bilan vire carrément au négatif. Le riz importé se faisant de plus en plus rare, son prix a quasiment doublé. En octobre l’inflation a atteint son plus haut niveau depuis 17 mois et c’est surtout la flambée des produits alimentaires qui l’entretient. Cette hausse est très sensible dans les Etats proches des villes frontalières, Oyo, Osun, Ogun State et bien sûr Lagos State. Dans un pays où on dépense en moyenne 60% de son revenu pour manger, l’addition est plus que salée.

Le but initial, soutenir la production locale, a-t-il été en partie atteint ?

Il est trop trop tôt pour voir si la production de riz a fortement augmenté. Les mesures protectionnistes ont rarement les effets magiques escomptés. Le président Buhari en sait quelque chose: en subventionnant la production de riz en 2015, après son élection, il a certes encouragé la riziculture nigériane mais il a surtout exacerbé la contrebande que les douaniers nigérians au mieux sont incapables d’endiguer, au pire qu’ils soutiennent activement, en fermant les yeux sur les convois illicites moyennant un pot de vin. Quant à la production industrielle nigériane, loin d’être dopée, elle est au contraire entravée par la fermeture de la frontière.

D’après l’association des industriels exportateurs du Nigeria des entreprises sont sur le point de mettre la clé sous la porte, premièrement parce qu’elles ne peuvent plus importer les biens intermédiaires nécessaires pour leur production et deuxièmement parce qu’elles ne peuvent plus exporter. Si le Nigeria souffre de la contrebande qui a pris c’est vrai des proportions énormes, il demeure néanmoins le plus grand pourvoyeur de bien manufacturé sur le couloir entre Lagos et Abidjan. D’ailleurs sa balance commerciale avec ses voisins est excédentaire. Les industriels redoutent aujourd’hui de perdre définitivement des parts de marché au profit de concurrents étrangers.

Quelle est l’alternative à la fermeture des frontières pour développer l’économie du Nigeria ?

Selon le FMI, la locomotive de l’Afrique de l’ouest a surtout besoin du retour des investisseurs pour gonfler la croissance encore très molle, trop molle. Insuffisante pour bénéficier à la population qui elle continue d’augmenter. Depuis quatre ans, le PIB par habitant diminue, cela veut dire que les Nigérians s’appauvrissent. Mais les investisseurs sont sur la défensive, échaudés par les décisions brutales du président. Les entrepreneurs locaux estiment que le gouvernement s’attaque au symptôme plutôt qu’à la racine du mal. Ils préfèreraient qu’il concentre ses efforts sur la formation et le renforcement du service des douanes, mais ces propos ne trouvent pas d’échos à Abuja. La fermeture de la frontière devrait se prolonger jusqu’au 31 janvier prochain.

EN BREF

L’action Alibaba fait grimper la bourse de Hong Kong. L’action du géant  du commerce en ligne de la Chine continentale a gagné 8 % pour sa première séance de cotation. C’est la plus grosse introduction mondiale en bourse de l’année, la plus importante depuis 2010 pour Hong Kong, une réussite totale dans un contexte politique incertain.

En France les Restos du coeur lancent aujourd’hui leur campagne d’hiver pour la distribution de repas gratuits. Le mouvement initié par Coluche il y a trente-cinq ans est devenu indispensable pour les 900 000 personnes qui en bénéficient. En France, 9 millions d’habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté, plus de la moitié ont recours aux programmes d’aide alimentaire.

source: rfi

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *